Les raisons pour lesquelles un son peut-être lié à une émotion négative.

Publié le par Mintaka

Je n’ai pas trouvé de discutions à ce sujet sur le net, alors je ne parlerai que de ma propre réflexion.

Je remarque le son est insupportable s’il est relié dans mon esprit à un élément négatif, sinon, il ne me provoque pas d’effet, voir une impression de bien être pour les bruits de la nature comme des chants d’oiseaux, une rivière qui coule (bien que j’ai une amie qui ne supporte pas le bruit de l’eau, alors qu’elle ne semble pas gênée par les la majorité des autres bruits).

 

Parmi les sons les plus intolérables il y a bien sûr, comme pour la majorité d’entre nous, la mastication. Elle semble être apparu à un moment de ma vie, vers 7 ans, où je ne me sentais pas bien en famille. Le discours de ma mère surtout me concernant était négatif puisque j’étais une petite fille qui bougeait trop et avec des joies et des peines très bruyantes et démonstrative ; alors que mon frère de deux ans mon cadet était très calme et facile. Mon sentiment de rejet semble s’être cristallisé sur le repas familial. Mais bien que les mots qui me faisaient mal venaient de ma mère c’est sur les bruits de mastication de mon père que mon problème s’est fixé. J’ai donc associé ce son à la détresse affective dans laquelle je me trouvais et mon impossibilité en tant qu’enfant à trouver les mots et les actions qui auraient pu arranger la situation.

 

Je pense aux réflexes conditionnés qui font associer un bruit strident à des rats juste avant une décharge électrique douloureuse.

 

Les coups de marteaux qui me sont aussi difficiles à supporter m’évoquent quant à eux le fait que je suis fragile, que je suis coincée dans une situation dangereuse pour ma santé sans espoir de pouvoir m’en sortir, ni d’être aidée par quelqu’un. Ca a commencé quand j’étais enceinte, avec une très grande fatigue et des nausées, alors qu’au travail ils retapaient les locaux. En plus des bruits de marteaux ou même de marteau piqueur qui faisaient sauter les prises des ordinateurs et me faisaient prendre du retard dans mon travail, je sentais des odeurs très fortes de peintures ou solvants qui me faisaient peur pour mon enfant qui se développait. Mais j’étais obligée d’aller travailler pourtant ! Depuis, les coups de marteaux m’évoquent la prison et les travaux forcés ainsi que mon impuissance à me défendre et le mal être physique avec envie de vomir.

 

Plus tard encore un au stimulus c’est rajouté, les bruits de souris et de clavier d’ordinateurs. Quand j’ai repris le travail après le congé maternité, mes enfants se réveillaient encore plusieurs fois par nuit.

Un jour ma directrice m’a convoqué dans son bureau pour me dire que je devait absolument m’arranger pour que ma vie personnelle n’affecte pas ma vie professionnelle et qu’elle attendait de moi que j’ai l’air parfaitement en forme et qu’arriver au travail fatiguée avec l’impression que j’avais fait la fête tout la nuit (j’aurais préféré que ce fut ça L) était intolérable.

Sur la somme de travail à faire de même et les contraintes horaires, même de dernière minute, il n’y avait pas lieu de permettre un traitement de faveur aux femmes avec des enfants en bas âge. Elle-même revenait d’ailleurs justement de vacances qu’elle avait dû écourter du jour au lendemain suite à une réunion urgente non prévu.

Le message était très clair, il me fallait être en forme et productive. D’ailleurs elle m’avait mentionnée que de nombreuses personnes seraient ravies d’avoir ma place… Et mon poste, j’y tiens !

Il s’avère que derrière moi, j’avais une collègue qui travaillait très bien et très vite et je remarquais un jour que son dynamisme se retrouvait dans sa façon de cliquer et de frapper les touches du clavier. Une sorte de rythme, clac clac clac clac et un autre clac d’un geste fort et marqué pour valider, et la « musique » recommençait. Et d’un coup, alors que la configuration des locaux était la même, que cette collègue travaillait de la même façon derrière mois depuis longtemps, ce bruit m’a paru intolérable. Ce n’est pas avec mes nuits trop courtes et facteur de beaucoup de stress et d’insomnies pour moi, et mon épuisement à courir toute la journée pour cumuler mon travail, le trajet et la vie de famille que je pouvais être aussi productive qu’elle !

La comparaison me faisait peur manifestement, et à agit avec quelques semaines de retard (bizarrement) sur les mises en gardes de ma directrice. Ce bruit était alors maintenant associé à la peur de mal faire, ou pas assez, et de ne pas être capable de tenir le coup.

 

Le plus récent me vient d’il y a peu de temps, deux trois ans. J’ai divorcé et j’habite maintenant dans un appartement très mal isolé phoniquement mais bon marché que j’ai pu acheté parce que mon ex-mari m’a racheté la moitié du pavillon. J’y ai vécu avec un garçon que j’ai rencontré un an après ma séparation et il s’avère que la cohabitation s’est mal passée.

Je devais subir des reproches continuelles pour des éléments qui faisaient partie intégrantes de ma personne (j’avais besoin de me reposer et de temps pour mes deux enfants et il aurait voulu que je m’occupe de lui par exemple) ou bien étaient pour moi très douloureuses (selon lui, mes amies avaient un impact négatif sur notre couple parce que c’était du temps qui lui était « volé »). Il réagissait vivement et avec agressivité. Je me suis mise à ne plus supporter les bruits de paroles des gens, partout. Dans les transports en commun, et même les voisins. Je me retrouvais comme enfant à tenter d’établir une communication mais sans y parvenir. Je ne ressentais aucune compassion, aucune empathie de sa part et ça me faisait très peur. Par extension, malgré le fait que je n’ai ce genre de discussion qu’avec lui, les simples bruits de parole me paraissaient potentiellement agressifs et critiques pour moi. Comme je ne voyais pratiquement personne d’autre, ce type de relation prenait une place considérable.

Il a quitté l’appartement il y a maintenant 8 mois et malgré mon suivi psychologique, les bruits environnants me sont encore difficiles à supporter, même si il y a une nette amélioration. Par contre vis-à-vis de mes voisins, comme c’est très mal isolé, j’entends leurs conversations. Je n’ose pas couvrir avec de la musique parce que dans ce cas c’est moi qui les gênerais. En y réfléchissant, j’ai l’impression qu’ils m’évoquent par comparaison ma condition : eux sont en couple, ils s’aiment et je ne les entends quasiment jamais se disputer, ont deux beaux enfants adorables, sont beaux et en bonne santé et n’ont pas besoin de beaucoup de sommeil, ils ont de nombreux  amis avec qui ils rigolent bien le samedi soir.

Je ne peux même pas leur en vouloir, ils sont très sympas en plus ! Mais je les envie. J’ai l’impression que le fait de les entendre me rappelle ma condition à moi et que c’est en ce sens que leurs bruits me sont insupportables. Je vis avec un casque sur les oreilles d’ailleurs…

 

En analysant mes quelques autres stimuli, je me rends compte qu’à chaque fois, je relie un bruit avec une émotion négative. Lorsque j’ai vécu des périodes de bonheur dans ma vie, les bruits ne m’ont quasiment plus poser problème, même ceux de mastication n’étaient plus que très énervant, mais pas à avoir l’impression de devenir fou de souffrance !

Chez moi, donc, l’intolérance aux sons est directement le symptôme que quelque chose ne va pas dans ma vie. J’imagine aussi que dans la vie de famille il y a souvent des non-dits, des frustrations et des colères réprimées qui sont enfuient dans l’inconscient et ressortent dans le simple symptôme du bruit sans être ensuite directement reliés au déclencheur initial. Cette hypothèse expliquerait pourquoi de nombreuses personnes sont gênées par les bruits de leurs proches alors que ceux émis par de parfaits inconnus (donc non associés à un éléments négatif passé) ne les dérangent pas du tout.

 

En synthèse je conclurais que d’une manière ou d’une autre, il existe clairement un lien inconscient et automatique entre des émotions négatives et des bruits qui les évoquent. Je pense que devant les émotions ou sentiments négatifs, tout le monde réagit différemment : certains sont agressifs voir pervers ou même sadiques, d’autres physiquement malades, d’autres se passionnent pour autre chose et fuient la situation… et chez certains, pour une raison inconnue, le lien se porte sur des sons. Mais pas facile de vivre sans frustration pour pouvoir y échapper ! Le problème c’est qu’ensuite le bruit qui n'était au départ qu'un symptôme accroît la détresse et empêche de remonter la pente si les conditions redeviennent favorables mais le bruit insupportable toujours présent.

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Z
<br /> TEMOIGNAGE TRES INTERESSANT; COURAGE<br /> <br /> <br />
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